douanier Soutien aux familles et aux enfants <br> sans-papiers de Moselle (57): centre de rétention à Mayotte : la honte

18 décembre 2008

centre de rétention à Mayotte : la honte



Le centre de rétention administratif de Mayotte est «indigne de la République». D’une capacité théorique de 60 places, ce sont très régulièrement 100 à 150 personnes s’y entassent sur de «pauvres nattes» à même un sol de «béton brut dégradé». Parfois elles sont 200, «exceptionnellement 220». Ce constat accablant, c’est celui rendu en avril dernier par la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS).

Son enquête avait été diligentée après le naufrage en décembre 2007 d’une embarcation de clandestins percutée par une vedette de la police qui naviguait tous feux éteints. Une femme et un bébé avaient alors trouvé la mort.

Depuis, d’autres mauvaises barques empruntées par les candidats à l’émigration ont fait naufrage. Six morts et 16 disparus en juillet. Quatorze morts et 7 disparus en novembre. A bord, souvent des habitants d’Anjouan, l’île comorienne distante de seulement 70 kilomètres de Mayotte. Plus de 200 embarcations auraient été interceptées en 2008 par les autorités françaises, qui ont installé trois radars au sud de l’île.

A Mayotte, le nombre de reconduites serait de l’ordre de 16000 par an, soit près de 10% de la population de l’île, d’après une estimation du député PS René Dosière, qui a présidé une mission sur le sujet. Son produit intérieur brut est neuf fois supérieur à celui des Comores. Autant dire que Mayotte représente pour les clandestins un évident eldorado économique.

La maternité de Mamoudzou ayant, elle, la réputation d’être la première de France en nombre annuel de naissances, l’ex-secrétaire d’Etat à l’outre-mer Christian Estrosi avait trouvé une solution «de droite décomplexée» pour endiguer le phénomène: la fin du droit du sol à Mayotte. «Nous pourrions prendre une décision exceptionnelle qui fasse que tout enfant né de parents en situation irrégulière ne puisse plus réclamer son appartenance à la nationalité française», avait-il lancé en février dernier.

Le projet a été enterré quand Estrosi a été remplacé par Yves Jégo en mars. Le nouveau secrétaire d’Etat a promis l’ouverture d’un nouveau centre de rétention administrative en 2010.