douanier Soutien aux familles et aux enfants <br> sans-papiers de Moselle (57): Insupportable et banal…

16 septembre 2008

Insupportable et banal…

Chronique locale d’un événement insupportable,
mais qui tend à devenir banal…

Samedi 5 septembre 14 H : audience du Juge des Libertés et de la Détention à Bayonne, une jeune femme attend dehors devant le tribunal, un nourrisson dans les bras et une petite fille à côté d'elle, qui saute dans les flaques.
Cette jeune femme est en situation régulière et tient un petit commerce à Pau.
La première de ses deux enfants est issue d’un premier mariage. Le père s’est désintéressé du bébé dès sa naissance. La maman a rencontré un nouveau compagnon avec lequel elle vit depuis le 19 mai 2006. Ils ont ensemble le petit bébé. Le nouveau compagnon s’occupe de la petite fille.
Ces jours-ci, il s’occupait seul des deux enfants, car la maman devait subir lundi 8 septembre une opération chirurgicale, prévue depuis longtemps, aux deux mains.

Au mois d’avril, le préfet des Hautes Pyrénées doit emplir ses quota d’expulsion. Il fouille dans ses listes, trouve ce Monsieur et prend contre lui une Obligation à Quitter le Territoire Français fondée sur un refus de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides vieux de deux ans et l’envoie à une adresse d’association où ne réside pas le Monsieur. Qui ne reçoit donc pas ce document et ne le conteste donc pas. Cette obligation devient donc définitive et le juge des libertés et de la détention fait droit ces jours-ci à la demande d’assignation à résidence.

Samedi 6 septembre, le Monsieur rentre à Pau à l’occasion de l’entrée de sa compagne à l’hôpital pour son opération.
Lundi matin 8 septembre, la police aux frontières vient lui annoncer que son expulsion est prévue pour le mercredi 10 septembre au matin, par avion. Il a été effectivement expulsé ce mercredi.

A l’hôpital, une maman dont les bras sont tous les deux opérés se retrouve avec deux enfants dont elle ne peut pas s’occuper. Les enfants n’ont plus de papa.

Bénéfice pour la société ?

Comme l’écrit leur avocate, écœurée : «Ça veut dire quoi, tout ça ?»

Cette histoire comporte des scènes insupportables mais non fictives. Elle est reproduite à des dizaines d’exemplaires chaque semaine dans un grand nombre de départements de notre beau pays des Droits de l’Homme et du citoyen.
Cette fois-ci, c’est chez nous.

On accepte ?
Pas nous.