Thuram - jdd - 4/05 -

extraits :

L'athlète Eunice Barber estime que notre pays n'a pas à donner de leçons aux Chinois en matière humanitaire.
Il faut d'abord regarder chez soi. Et avec beaucoup d'intransigeance. En France, certains propos racistes sont dénoncés, mais pas avec la vigueur nécessaire. A commencer par celui du président de la République: son discours de Dakar (sur la colonisation) était d'une gravité extrême. Il y a eu aussi Pascal Sevran, Alain Finkielkraut, Georges Frêche... Et puis n'oublions pas qu'on est dans un pays où on fait la chasse aux sans-papiers, avec un tableau accroché dans les préfectures. Et que des gens sont morts pour ça.

Dans le livre Noirs en Bleu, vous annoncez vouloir vous consacrer à l'éducation après votre carrière...
La dénonciation des choses ne suffit pas. Nous sommes construits de préjugés. En Espagne, j'ai créé la "Fondation Lilian Thuram, Education contre le racisme". Je vais dans les écoles. Quand je demande aux enfants combien il y a de races, ils me répondent souvent quatre. En substance: "Les Noirs courent vite et chantent bien, les Jaunes sont bons en mathématiques, les Rouges pas grand-chose à en dire et les Blancs ont toutes les qualités réunies..." Il faut réfléchir à ces réflexions naïves. Et tenter d'apporter d'autres modèles. Quand je demande aux gens ce qu'ils savent de l'histoire des Noirs, ils commencent par me dire qu'ils ont été esclaves. Les rapports entre Noirs et Blancs sont déformés, des deux côtés d'ailleurs, par le prisme de l'esclavage. C'est une méconnaissance historique, car l'esclavage n'était qu'un système économique. Pas un modèle de relations.